Je suis un damné...

Venim Coldreaver approchait de la grande porte avec respect : il était rare de voir une forterresse d'anges d'aussi près pour ses semblables. Mais la différence entre eux et lui, c'est qu'il voulait simplement entrer et non l'attaquer. De toute façon, il aurait eut tôt fait de se faire massacrer.

Venim s'approcha des deux gardes et s'arrêta à une distance respectueuse. Leur réaction ne se fit pas attendre : ils se mirent en position de combat et sonnèrent l'alerte. En gage de sa bonne volonté, il jetta son épée sur le sol et leva les mains en l'air.

- Je suis venu ici avec l'accord d'Yradielle. Appelez-là s'il-vous-plaît... Je resterai ici en attendant.

Les deux gardes ne semblaient pas savoir quoi faire. Ils étaient d'autant plus occuper à le dévisager : un être humanoïde recouvert d'une toge et d'une cape noires trop grandes pour lui, des yeux verts vifs, sans prunelles et un peau complètement brûlée. Le nez et les lèvres de celui-ci avaient disparus, révélant une rangée de canines coupantes. Ses mains et ses pieds trifides - il ne portait pas de bottes - révélaient de longues griffes accérées. Il n'avait plus aucun cheveux et ses oreilles étaient pointues et relevées à la manière des Elfes.

- Amarië ne me reconnaîtra pas, j'ai trop changé depuis la dernière fois...

Le tocsin retentit avec force à travers le fortin. Assez de force pour parvenir jusqu'aux fin fond de la tourelle, où Yradielle tentait tant bien que mal de concocter enfin l'onguent nécessaire à la traversée des angelots dans les plans plus subtils. Une recette ancienne et ardue à réaliser, sur laquelle elle planchait depuis de longs mois, sans toutefois, réussir

Fichtre ! Et dire que je m'efforce de dissimuler ma présence en ces lieux...

[i] A peine eut-elle le temps de regretter la fin de son moment de concentration, que les bruits lourds du garde retentirent dans l'escalier et la silhouette massive se dessina dans l'embrasure de la porte.

Ne dérangez sous aucun prétexte ai-je dit cervelle de moineau ! Aucun...

-Mais...mais m'dame...y'a un un un ...

Le garde hoquetait tant bien que mal manifestment choqué.
Yradielle lui fit signe d'abréger, ce qui eut pour effet de redoubler sa crise de bégaiement

-un d..dd...dd...
-Roh ça va j'ai compris, encore une fois faut que je me coltine tout le boulot.

conclut-elle avec agacement. Epoussetant soigneusement sa robe désormais maculée de la poudre rouge, elle laissa là ses travaux et suivi le garde à travers les dédales d'escaliers du fortin, jusqu'à la porte d'entrée.
A mesure qu'elle approchait elle distinguait une aura sombre chargée de souffrance assurément bien peu angélique, impression, que confirma la silhouette qui se découpait à présent nettement devant elleellle avait vu la laissa coi sur le pas du hall.

Ah ça par exemple !

Son visage se contracta insensiblement, tandis qu'un éclair féroce traversait son regard. Elle allait à son tour sans ambages, dégainer son cimeterre, lorsqu'elle aperçut l'arme du démon à terre....était-ce un signe de paix ? Un stratagème visant à les rendre plus confiants avant de s'en prendre à eux ?
Son impudent interlocuteur si loin des canons de beauté angélique, semblait néanmoins demeurer là, offert à elle, attendant presque confiant.
Un démon en ces lieux...ou bien il s'agissait d'un fou ou bien d'un égaré.


...un démon...au seuil de notre fort!
Que viens tu faire ici suppôt de Lucifer ! Parle et présente toi rapidemment, et sans un geste de trop, où tu peux être sûr que ma lame aura tranché ces jolis gambettes avant que tu n'ai pu les utiliser pour te débiner loin d'ici

- Je comprend votre colère angelle, c'est normal. Moi-même j'ai ressentis une haine envers vous lorsque j'ai aperçus votre forteresse au loin. Mais je me contient avec ce que je peux, je me contient pour vous... Je ne suis pas un danger pour vous Yradielle. Pour vous prouver ma bonne volonté, voyez ceci.

Venim concentra une énergie dans ses mains et la projetta sur son arme qui éclata en milles éclats.

- Je crois qu'il est impossible pour moi de prendre une arme d'ange sans me brûler... Et j'ai assez brûlé pour des siècles à venir. Je suis Venim Coldreaver et à partir de maintenant, vous faites de moi ce que vous voullez, car je me plie à la volonté du Ruban Rouge.

Venim s'inclina en signe de respect.

Yradielle ? Qui es-ce ?

Plongeant mon regard dans celui du damné, quelque chose m'intrigua... comme si il ne m'était pas inconnu...

Séchement

Ma colère ? Non plutôt un certain... désagrément...

Elle regarda avec méfiance l'arme partir en fumée.
Ce n'est qu'à l'évocation de son nom, que l'étrange missive qu'il lui avait fait parvenir lui revint en mémoire...une affaire personelle si ses souvenirs étaient exacts...concernant directement un des compagnons.
Les flammèches des torches du hall lançaient par intermittence des salves lumineuses, dessinant la silhouette de l'ange et du démon en ombre chinoise, sur l'épais mur de pierre.

L'idée de voir ces murs souiller par son empreinte la répugnait, d'un autre côté si il n'était pas sincère il faisait en tout les cas de son mieux pour le paraître.Il faisait preuve de détermination en venant se livrer au pied de la forteresse, et si ses motifs se révélaient exacts peut-être serait-il possible de...Ainsi réfléchissait Yradielle lorsqu'Amarië, vraisemblablement alertée par le tintamarre du garde les rejoignit à son tour.
Face à la réaction de l'angelle, elle demeura un instant interloquée.
Ainsi elle ne le connaissait pas...revenant de sa surprise, elle lui souffla à l'oreille...

Un être que tu es censé connaître Amarië, puisque si je ne m'abuse il est venu pour te revoir...il prétend s'appeller Venim Coldreaver.
mais à en voir ton visage stupéfait,...

Reprenant à haute voix à l'intention de la créature démoniaque, Ses quatres ailes se déployant peu à peu dans son dos :

Tu es celui qui prétendait connaître l'angelle que voici n'est ce pas ? Ton imposture n'aura pas tenu bien longtemps si tel est le cas. Vois celle que tu cherches ne sembles même pas te reconnaître. Qui es-tu vraiment créature des Enfers ?

Venim ne put que réprimer sa déception, mais il comprenanit pourquoi Amarië ne le reconnaissait pas : la seule et unique fois qu'ils s'étaient vus, il ne possedait pas cette apparence grotesque.

- Je suis ce que je prétend être, angelle. Libre à vous de me croire ou non...

Venim regarda Amarië dans les yeux : ses yeux verts luisirent un instant sous l'effet de l'émotion.

- Il est normal que tu ne me reconnaisse pas Amarië, car j'ai changé depuis notre dernière rencontre. L'être au corps humain, quoiqu'un peu décharné avec une peau rouge vive, a fait place à la créature que je suis. J'ai passé par toutes les flammes de l'Enfer, brûlant dans cette punition que ceux qui m'ont capturé m'ont fait subir pour t'avoir sauvé des griffes de tes aggresseurs. Ils ont détruit mon corps, mais mon esprit.

Venim observa ses mains aux griffes démesurées et les referma en forme de poing, contenant sa rage alors qu'il continuait à parler.

- Regarde moi... Il ne me reste rien hormis la gratitude d'une angelle qui a sut ouvrir son coeur au mien. J'imagine que tous ceux qui écoutent mes paroles se demandent pourquoi je tiens tant à la revoir et pourquoi je m'entête... Sachez alors que même les démons, certains du moins, ont des sentiments. Mais moi je ne sais pas ce que j'ai, je ne suis pas comme les autres... J'ai vendu mon âme il y a longtemps, prisonnier des Enfers à exécuter le travail que mes maîtres me demandaient. J'ai été damné.

Le silence régnait autour d'eux : la voix de Venim semblait résonner loin aux alentours.

- Mais je me suis échapper... Je suis revenu vers toi pour avoir un peu d'espoir et voir ce que tu étais devenue. Je veux récupérer mon humanité.

Venim ? Lui ? Après tant d'années à errer seule en ses terres, j'avais finalement trouvée un lieu ou je me sentais bien. Pourtant, la solitude affectait toujours mon âme. Le voir, ainsi, en ses lieux, me boulversait au plus haut point.

"Je..."

détournant mon regard vers Yradielle, je poursuivis:

"Puis-je ? J'aimerais pouvoir lui parler seul à seul... ce serait possible?"

Puis, je re plongeait mon regard dans le sien, attendant la réponse.

Etrangement ce démon paraisssait souffrir de son apparence, ou du moins, le feignait-il jugea avec méfiance Yradielle.

A quoi t'attendais tu démon en acceptant de rejoindre les Enfers ? pourquoi d'ailleurs t'évertuer à respecter des valeurs qui à l'évidence t'ont apporté plus de souffrance que de satisfaction...?
Il serait si simple pourtant d'y mettre fin.

Secouant la tête l'angelle reporta son attention sur Amarië : elle savait ce que représentait cet être pour elle, elle ne s'en était pas cachée, et bien qu'Yradielle espérât secrétement que ce soit pour elle l'occasion de constater que ces songes à propos de cet être était eronnée, elle savait pertinnement, que l'empêcher d'accéder à cette requête eut été une grossère erreur, et n'aurait fait au fond que renforcer l'espèce de fascination confiante qu'elle avait pour cet être.

Soit, répondit elle en lançant un trousseau de clé Par contre j'apprécierai assez peu de le voir traîner trop près de nos quartiers, veille pour l'heure à l'en tenir éloigné je te prie.

"Très bien! Merci beaucoup Yradielle! Où devons-nous aller ?"